Decentraland : le mariage entre jeu vidéo et blockchain Ethereum
Decentraland est un immense monde ouvert. À la fois créatif, social et spéculatif, ce jeu vidéo mêle blockchain Ethereum et crypto-monnaie. Penchons nous sur ce cas d'usage concret pour comprendre.
Le jeu vidéo est un puissant vecteur d’innovation et de démocratisation de la technologie.
Vous vous souvenez du Démineur, sur Windows ? Vous rappelez-vous des débuts des jeux en ligne mainstream, comme Counter Strike 1.6 ? On peut aussi citer un jeu mobile qui polarise beaucoup : Candy Crush. Ce dernier m’a toujours laissé perplexe. Mais le nombre d’utilisateurs et leur — p****n d’ — addiction à cette grille de bonbons colorées parle d’elle-même.
Tous ont permis de démocratiser la technologie sur laquelle ils reposent : PC, internet ou mobile.
Est-ce que les technologies blockchain vont exploiter la brèche du jeu vidéo pour s’installer dans notre quotidien ?
Pour avoir des éléments de réponses, je me suis plongé dans l’incroyable univers de Decentraland, un jeu vidéo qui s’appuie sur deux technologies qu’on aime ici : blockchain Ethereum et cryptomonnaie.
Un mélange entre Minecraft… tokenisé
Qu’est-ce que c’est, Decentraland ?
Decentraland est un jeu en réalité virtuelle dans lequel les joueurs peuvent acheter des parcelles de terrain (appelées des LAND), y construire leur propre univers digital et — s’ils sont sociables — interagir avec leurs voisins.
Le jeu est open-source et a récemment ouvert ses portes aux navigateurs web. Parce que, soyons clairs, l’adoption massive des casques VR tarde un peu.
La grande différence avec Minecraft arrive maintenant : votre parcelle de terrain virtuelle vous appartient. Au sens propre du terme, car les LAND ont été “tokenisés”. Ainsi, votre “acte notarié” est inscrit dans un smart-contract sur la blockchain Ethereum.
Après acquisition, vous serez l’heureux propriétaire d’un terrain virtuel sur lequel vous être libre de faire parler votre créativité. Avantage notable : pas besoin d’un rendez-vous de deux heures pour signer des papiers et y laisser entre 8 et 15% de frais au passage.
Le marketplace de Decentraland rassemble toutes les offres d’actifs crypto-immobiliers. Sur ce marché numérique, une seule monnaie est d’usage : le MANA. Il s’agit d’un token ERC-20, qui a été émis après l’ICO de Decentraland, en 2017. Elle a permis au projet de rassembler 24 M$ en BTC et en ETH.
Dans une publication Medium, Besancia a décrit son propre voyage dans ce gigantesque monde virtuel. Je vous laisse savourer la balade avec notre ami.
Quel est l’objectif de Decentraland ?
Le jeu n’a pas d’objectif prédéfini. C’est à votre créativité de s’exprimer. Vous pouvez acheter d’autres LAND pour agrandir votre espace de création, construire des bâtiments uniques, des jeux, des outils numériques, du contenu ou des œuvres d’art. À vous de voir. Éclatez-vous !
La puissance du jeu réside, selon moi, dans la possibilité de créer un District. Il s’agit d’un rassemblement de plusieurs joueurs pour créer une communauté, avec son territoire et ses membres. La répartition des droits de vote aux règles de celle-ci est proportionnelle à la taille du LAND que vous avez mis en jeu.
Généralement, les Districts sont organisés par thème. Les plus connus sont Vegas City (un casino géant avec de vrais jeu), Dragon City (qui rassemble les investisseurs chinois) ou encore Decentraland University (un lieu dans lequel l’apprentissage est le maître mot).
Il existe trois grands types de joueurs, bien que vous puissiez faire ce qui vous chante dans ce monde parallèle :
Les créatifs : ils construisent pour la beauté du geste. Sans limite, ils peuvent faire parler leur talent en reproduisant des lieux réels, en créant un univers unique ou en produisant des œuvres d’arts uniques.
Les crypto-enthousiastes : ils voient en Decentraland un monde complètement décentralisé où aucun maître ne règne. C’est la quête absolue de ceux qui croient dur comme fer en la blockchain.
Les entrepreneurs : certains essaient de créer de vrais business in-game. Par exemple, au sein de la communauté de Decentraland University, certains joueurs songent à faire payer les contenus qu’ils proposent. Ils sont un peu les Decentra-hustler !
Le côté spéculatif de Decentraland
Les LAND sont des tokens ERC-721 transférables entre wallets. Les joueurs peuvent donc se les échanger. Ou les vendre.
Comme dans le monde réel, les parcelles n’ont pas toutes la même côte. Tout dépend de leurs caractéristiques. Si votre LAND est proche d’une route, donc facilement accessible, ou d’un District célèbre, vous devrez y mettre le prix. Par contre un LAND isolé dans un coin de ce monde virtuel sera probablement moins demandé. Quoique, le calme devient de plus en plus prisé dans le monde réel. Alors pourquoi pas dans la matrice ?
Ainsi, vous pouvez spéculer sur des LAND. Le marché est soumis à la loi de l’offre et de la demande, comme tous les autres. Si vous flairez les bons coups, ou que vous apportez de la valeur à votre parcelle virtuelle, vous pourrez en tirer des bénéfices. Tous les échanges de valeurs seront entérinés dans des smart-contracts.
Avantages et limites de Decentraland
Avantages
Storytelling oblige, je vous ai raconté dans ma publication d’introduction à Ethereum l’évènement qui a fait basculer Vitalik Buterin (co-fondateur) dans l’univers blockchain. Il était un fervent gamer de World of Warcraft. Jusqu’au jour où Blizzard, le développeur du jeu, a supprimé son compte sans justification. Blizzard est un “old fashion business”, purement centralisé. Grâce à Ehtereum, Vitalik a pu se rebeller contre ces organisations et proposer des solutions réelles.
Avec Decentraland, personne n’est maître absolu du jeu. Le code est open-source et tous les échanges de valeurs sont inscrits dans une blockchain. C’est une très grosse avancée dans l’univers du jeu vidéo et des services en ligne au sens large.
Pouvoir spéculer au sein même de la plateforme offre de nouvelles perspectives aux jeux vidéos. Aujourd’hui, tous sont basés sur le même format : si vous voulez acheter des améliorations, vous devez d’abord investir dans des “gemmes” chez le développeur et les dépenser dans leur store. Sur Decentraland, les échanges entre joueurs deviennent possibles. Cela crée un vrai marché et des interactions sociales.
Enfin, la notion de District écrase ce qu’on appelait des “guildes” ou des clans dans l’ancien temps. La répartition pyramidale des groupe n’existe plus. Au sein du District, le lead est réparti proportionnellement à l’apport de chacun. Cela dit, cet apport est basé sur un apport financier. Je vous accorde qdonc ue cela reporte les inégalités sociales du monde réel dans le monde virtuel. À moins de devenir un vrai Decentra-hustler.
Les inconvénients
Quand j’ai découvert Decentraland, j’ai eu une heure de folie. J’ai cherché un casque VR sur le net — hors de prix en cette période de confinement — et un PC assez puissant pour faire tourner le jeu. L’addition était salée. Ça m’a calmé.
Malgré tout, j’ai arpenté le marketplace par curiosité. L’image ci-dessous est la carte de toute l’étendue actuellement disponible de ce monde virtuel. La croix rouge que j’ai posée est un LAND actuellement en vente 95 000 MANA. À l’heure où j’écris ces lignes : 1 MANA = 0,029560 $. Ce LAND est donc vendu au prix de 2 808 $… WTF ?
Voici l’annonce :
Soyons honnête. En dehors du matériel requis pour jouer, qui est prêt à dépenser cette somme colossale pour acheter un terrain virtuel ?
Malgré tout, Decentraland est le pionnier dans son domaine. Mais le risque de se faire détrôner par un concurrent qui améliore l’expérience existe. C’est ce qui semble se profiler avec Cryptovoxels.
Mon avis sur Decentraland
L’univers que propose ce jeu est superbe. Vous pouvez laisser parler votre créativité ou celle de votre groupe social virtuel et créer de la valeur immatérielle.
Le marketplace décentralisé rend le pouvoir aux joueurs et crée un marché réel qui favorise les échanges.
Cependant, l’accès au jeu est réservé à une population qui dispose des moyens techniques et financiers pour profiter de cet espace nouveau. Et c’est bien dommage !
✍️ Mes dernières publications
Depuis la parution de ma dernière publication, j’ai écrit deux articles pour le site Cryptoast.com :
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N’oubliez pas : le futur n’existe pas, c’est à vous de le créer. Prenez ce pouvoir en mains.
Take care.
Papa November
/ © Papa November, 2020